Ironman de Zurich

Forum Récits de courses Ironman de Zurich

  • C’est bientôt l’hiver et la saison des sorties en mode habits chauds…l'idéal pour revenir sur une journée de juillet où il a fait très chaud, celle de l’Ironman de Zurich. On est donc dimanche matin 29 juillet. Après être arrivée avec Kaizad et mes parents la veille, avoir retiré le dossard, constaté qu’il n’y avait plus de tattoo à se coller sur la peau (ouf, qu’est-ce que j’en ai bavé pour le coller avec le moins de plis possibles aux ironman précédents ;-)), fait le check-in (super rapide), les derniers réglages, bien mangé et bien dormi, je me réveille avec un léger mal de tête et aucune envie de manger. Ah ben si, va falloir ingurgiter quelque chose ma cocotte, le prochain vrai repas est prévu dans 15 heures au plus tôt, et entre deux on ne va pas passer la journée à la plage… La plage justement, je la retrouve alors qu’il fait encore bien sombre, mais déjà bon chaud. Je retrouve aussi mon vélo et mes affaires, et entends les arbitres qui passent dans chaque rangée en criant « good news, Ihr werdet im Wasser nicht schwitzen, Neoverbot » avec un méga enthousiasme qui aura peut-être fait croire même aux nageurs les plus lents qu’en fait c’est tellement mieux de nager sans combi. Personnellement, je m’y attendais depuis le mois de mai (assez logique non, vu le magnifique temps qu’on a eu depuis le mois d’avril…), donc le contraire m’aurait surprise ! Et je savais que ce serait très difficile de faire un temps total plus rapide qu’à Francfort l’an dernier, et étais confiante que j'allais évidemment nager plus lentement, mais que 3.8 km sans combi n’allaient pas m’épuiser non plus. En plus c’était l’occasion de mettre ma nouvelle swim skin. Donc pas de problème Madame l’arbitre, on ressortira la combi une autre fois. Le temps passe et c’est déjà bientôt le départ… je vois Kaizad, mes parents, Matthieu, d’autres supporters juste avant d’aller au départ. Simon est là aussi, on fait une photo souvenir, on se dit m… et à plus tard ! Encore quelques minutes et on va plonger dans ce lac, magnifique lever de soleil et ambiance…ça valait la peine de se lever aussi tôt ! La natation passe assez vite, quelques zigzag mais pas trop il me semble, comme d’habitude je ne croise pas beaucoup de monde ni de bulles (toujours bizarre cette impression d’être seule dans le lac alors qu’en fait des centaines de personnes nagent avec vous ; se disent-elle la même chose ?). Je me concentre sur ma technique et mon souffle. Mon mal de tête est toujours là mais ça va mieux ; j’essaie de penser positif, mais bizarrement je n’y arrive pas encore. Bon, la journée est encore longue. Super contente d’entendre nos supporters pour la première fois de la journée à la sortie de l’eau ! Puis transition sans chichi et c’est parti à vélo. Attentive sur les premiers kms avec des bouts de chaussée déformée, des cônes à certains endroits, je prends gentiment mes marques. Quelques tensions autour des hanches et pas encore de super sensations, en plus pas encore en mode pensées super positives, mais je me dis que la journée est encore longue et que ces petites douleurs seront parties d’ici au marathon. Bon, d’autres auront probablement fait leur apparition d’ici là mais je décide que ça me fatigue de ne pas penser positif et finis par réussir à me convaincre que peu importe ce qui va se passer, cette journée va être géniale; c’est pour vivre ce genre d’émotions qu’on s’entraîne, donc on y va ! Après avoir quitté le bord lac, premières bosselettes, et premiers stands de ravitos avec des bénévoles survoltés qui encouragent à fond. Je n’en ai pas les larmes aux yeux mais presque, ils m’ont touchée. J’avance, cette longue partie vallonnée me plaît, j’arrive à la première grosse bosse qui m’impressionne toujours, pour moi ces longs lacets donnent un vrai air de petit col à cette montée. Dans la difficulté suivante, aux alentours du 60e km, je vois Kaizad et Philip pour la première fois, ça me fait bien plaisir. Ils me disent que je suis deuxième de ma catégorie ; chouette, merci pour la news, ça motive…mais en même temps il est à peine 9h30 et ce serait bien de garder ce rang jusqu’à passé 17heures… Donc bon à savoir, mais je veux aussi continuer à me concentrer sur mon effort et ne pas (trop) réfléchir. Peu après je vois mon papa, fidèle au poste, super de le voir. Ensuite la grosse descente et c’est déjà reparti en direction de la ville. Je croise brièvement Daniel ou Jean-Claude (encore plus difficiles à reconnaître quand ils passent à 45km/h…). Quelques km plus tard le heart break hill, très chouette avec ma sœur et ma maman, avec une belle pancarte, et tous ces supporters, vraiment un beau moment. C’est vrai que ça reste une montée bien difficile, mais elle me semble moins raide que les autres années. Puis fin du 2e tour, et c’est reparti. J’ai parfois un peu de compagnie mais pas souvent donc je suis contente d’arriver à la fin de la partie bord du lac pour recommencer les bosselettes (qui se transforment progressivement en bosses…). Plus dur pour les jambes mais plus motivant pour la tête ! Le soleil commence à taper, surtout dans les longues montées, mais le parcours est toujours aussi joli. Je suis plutôt bien mais me concentre pour ne pas donner trop, mais pas non plus pas assez… tout l’art de l’ironman. Rien de particulier à signaler, si ce n’est qu’à un moment dans une montée je m’arrose la nuque avec ma gourde, tout en dépassant un Anglais. Je me dis qu’il appréciera peut-être aussi et lui demande s’il veut que je l’arrose aussi. Il a cru que je lui proposais à boire – euh non quand même, mais je t’arrose pas de souci. Il a répondu par un « oh that’s absolutely lovely, thank you darling » si typique des Anglais. J’arrive en T2 après 5h35 de vélo. Beaucoup plus lent qu’à Francfort, mais parcours incomparable. Course pas parfaite mais je suis plutôt satisfaite quand même. Et le plus dur reste à venir… Le premier tour du marathon se passe bien, mes jambes répondent bien et je ne souffre « pas particulièrement » des 35 degrés ambiants ; glaçons, eau, éponges, iso, sel, gels et j’en passe, les organisateurs ont pensé à tout. Je vois certains nouveaux supporters que je n’avais pas encore trop vus, Matthieu, Gianna, Nadine, la famille de Simon, mon amie Vérène, et d’autres. Evidemment mes parents, ma sœur, Kaizad, Phil toujours fidèles au poste. Au 5-6e km Phil me lance quelques statistiques au passage – il a dû mettre un filtre « feel good » car me donne au moins 4 chiffres tendant à démontrer que j’ai fait un super vélo (toujours preneuse de bonnes nouvelles:-)). J’essaie de les retenir et de les comprendre tout en gardant un œil sur ma montre et ma foulée du moment. Premier tour bouclé, le deuxième commence bien et je suis sur une base de 3h35-40 qui me semble gérable. Mais des petites crampes d’estomac apparaissent et se transforment vite en douleurs très désagréables ; résultat, deux pauses toilettes forcées sur ce deuxième tour. Chaleur ? Gels ? Eau trop froide ? Peut-être un peu de tout ? Toujours est-il qu’à partir de là je me dis que si je veux avoir une chance que ça s’arrête il va falloir que je tourne au coca et rien d’autre jusqu’à la fin. Après une demi-heure pénible, ça commence à aller mieux dans le deuxième tiers du troisième tour et je me dis que je vais peut-être quand même réussir à me relancer. Je craignais que mes concurrentes directes se soient trop rapprochées, mais ça a l’air d’aller – pour autant que je tienne bien sûr. Donc le troisième tour passe plutôt bien et c’est « déjà » le dernier. Cette légère euphorie dont on commence à s’approcher, c’est quoi 10km dans la vie ? Tellement beaucoup et tellement peu à la fois. Heureusement ça me semble plutôt « peu » même si je suis bien sûr fatiguée. Les km s’enchaînent, je retrouve mes supporters les plus fidèles, et notamment ma sœur, qui court quelques mètres avec moi, a le temps de me dire de bien respirer avant de…se prendre un trottoir et se casser une dent ! Moi je la vois juste tomber, je me demande brièvement si je commence à halluciner, et j’entends qu’elle me dit que ça va et qu’il faut que je continue. Alors j’ « obéis » et continue ; il me reste env. 5 km et ça me donne envie d’ « accélérer » pour la retrouver et voir comment elle va. Environ 1km plus loin je vois un spectateur agenouillé qui tient un participant qui avait l’air vraiment pas très bien dans les bras, lui demande s’il a besoin d’aide et il me répond que les secours arrivent. Ouf, parce que je ne sais pas comment j’aurais fait pour sprinter pour aller les trouver. Puis 1km encore après je vois Matthieu qui me dit de ne pas m’inquiéter, que ma sœur va bien. Ça me rassure mais lui demande si Kaizad et mes parents sont au courant ; il me dit que oui. Bon eh bien tant mieux ! Après tous ces épisodes, je commence à réaliser que du temps a passé et que je ne suis plus qu’à deux petits kilomètres de l’arrivée. J’en ai oublié mes concurrentes et mes moyennes, ce que je veux c’est accélérer et apprécier ce bonheur de s’approcher du but tout en réussissant à profiter des derniers moments de la course. Je termine deuxième en 10.48. Super contente d’avoir pu tenir mon rang toute la journée et pas de regrets, la vainqueur était intouchable : huit fois à Hawaii, dont 3 victoires…c’est vrai qu’il faut se dire que personne n’est imbattable et que tout est possible, mais quand même, certaines sont plus imbattables que d’autres ;-) Niveau temps contente aussi, même s’il y a toujours des passages qu’on pourrait mieux faire ; c’est beau le triathlon car jamais parfait ! Et, enfin, super contente aussi d’avoir passé une méga belle journée dans une belle ambiance et sur un parcours magnifique. Un grannnnd merci à Kaizad, mes parents, ma sœur, qui me soutiennent et me supportent tous les jours (attention à ne pas tomber dans l’anglicisme supporter dans le sens de soutenir ; la langue française fait une différence bien distincte ;-) et à tous les supporters Rushteam sur place, c’était génial de vous voir et de vous entendre. Et un tout grand bravo aussi à Simon, Jean-Claude et Daniel pour leurs super courses !

  • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.